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Idée reçue n°7 – « Le développement du Sud va détruire la planète. »

Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !

Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.

Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : A quelques mois de la conférence sur le climat, on s’intéresse justement aujourd’hui à la croissance des pays en développement. Et pour certains, ce développement économique risquerait de détruire la planète. Sur quoi s’appuient ces personnes pour tenir de tels propos ?

Nicolas (SEL) : Sur un certain nombre d’études. En particulier un rapport intitulé « Planète vivante 2010 » de l’organisation écologique WWF, le Fonds mondial pour la nature. Un rapport qui affirmait – je cite – que « si chaque habitant de la planète vivait comme un habitant moyen des États-Unis ou des Émirats arabes unis, il faudrait une bio-capacité équivalente à plus de 4,5 planètes pour répondre à la consommation de l’humanité ».

C’est un chiffre alarmant. Comment peut-on avancer un tel chiffre ?

Il est difficile de jauger du degré d’exactitude de cette affirmation mais il est évident que le développement actuel des pays émergents n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Il suffit de voir les quantités de CO2 que ces pays rejettent dans l’atmosphère ou encore les ressources naturelles qu’ils surexploitent.

Quand on voit que la Chine est devenue le premier pollueur mondial depuis quelques années déjà, on peut se demander si ce n’est pas le signe que les pays émergents sont désormais les principaux responsables de la menace environnementale qui plane sur notre planète.

La Chine est devenue depuis quelques années le premier pollueur mondial devant les États-Unis. Mais attention à ne pas aller trop vite et à ne pas en faire le bouc-émissaire parfait. En effet, les émissions de CO2 de la Chine ont beau avoir dépassé celles des États-Unis, ses émissions par habitant restent encore bien inférieures : un américain moyen émet en effet entre deux et trois fois plus de CO2 qu’un chinois. Or, au vu de la population globale de la Chine, il semble finalement assez logique que le pays pollue davantage.

Et puis la responsabilité actuelle des pays émergents ne doit en aucun cas occulter la responsabilité historique des pays occidentaux. Puisqu’un tel niveau de développement n’a été possible qu’en dégradant l’environnement mondial et il semblerait là que la communauté internationale soit confrontée à une forme de dilemme.

En quelque sorte. On doit bien concéder qu’interdire à des sociétés pauvres la croissance économique dont nos sociétés ont bénéficié durant des décennies est indéfendable éthiquement, et intenable politiquement. Quand bien même cette croissance serait néfaste pour la planète.

Ce qu’on peut se demander c’est s’il est possible d’imaginer un autre scénario. En effet, si les pays en développement rattrapent les niveaux de vie des sociétés occidentales, il semble inévitable qu’ils atteignent les niveaux d’émission de gaz à effet de serre et de dégradation des ressources naturelles. Or, à l’heure actuelle, cela n’est ni concevable ni viable. Qu’est-ce qu’il faudrait faire alors ?

Quelques pistes concrètes existent. On pourrait penser à favoriser le recours aux énergies géothermique et hydroélectrique. On pourrait mettre en place des impôts nationaux ou internationaux sur la pollution. On a parlé de « taxe carbone ». Ou encore on pourrait encourager un tourisme durable… Tout ceci permettrait d’aboutir à un développement du Sud plus soucieux de la planète.

Pour mettre en œuvre ces différentes mesures, on a besoin d’une véritable collaboration internationale.

Une collaboration active entre pays du Nord et du Sud est indispensable pour assurer cette transition. Le développement du Sud doit être encouragé mais sur de nouvelles bases, durables et davantage respectueuses de l’environnement. C’est inévitable. En effet, bien qu’historiquement très peu responsables de la crise environnementale, les pays du Sud en sont malheureusement d’ores et déjà les premières victimes.

Pour aller plus loin : Jean-Michel Severino & Jean-Michel Debras, Idées reçues sur l’Aide au développement, Le Cavalier Bleu, 2010.

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