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Face à la pauvreté : comment agir ? 8 pistes pratiques.

Comment agir face à la pauvreté ? Cet article du SEL propose un tour d'horizon des possibilités pratiques d'engagements. Face à la pauvreté, il y a de multiples manières de bien faire : à chacun de trouver la sienne !

Dans le film « 58 : », Wess Stafford, l’ancien président de Compassion International (avec qui le SEL collabore pour le parrainage d’enfants), affirme que face à la pauvreté, les chrétiens n’ont pas l’option de ne rien faire. En être convaincu est une chose. Savoir quoi faire et comment le faire en est une autre. Voici quelques pistes que nous pourrions prendre en considération.

1. S’inspirer des autres sans les copier

Marthe Girard est une femme burkinabè, dont l’organisation locale est partenaire du SEL. Elle a découvert la situation d’enfants que leurs parents ne gardaient pas parce qu’ils étaient issus de relations considérées comme consanguines. Elle a décidé de s’occuper d’eux, de les prendre en charge pour un temps, parfois avant une adoption.

Quand on parle avec Marthe, il est évident que sa foi – ou plutôt Jésus – est à la base de son action : elle se souvient qu’étant petite, elle demandait trois choses à Dieu dans ses prières : un esprit d’amour, de miséricorde et d’humilité.

« Peut-être que je formulais cette prière sans vraiment me rendre compte de ce que je demandais » commente-t-elle.

Ce qui ne l’a pas empêchée d’être exaucée en fin de compte !

Face à la pauvreté, vous et moi n’avons pas forcément les mêmes dons et les mêmes aptitudes que Marthe. Mais son exemple peut nous inspirer en nous montrant qu’une vie vécue au service du prochain est belle et en vaut la peine. Son histoire peut nous pousser à nous demander : que veut dire pour moi aimer mon prochain ? N’hésitons pas aussi à fouiller dans l’histoire de l’Église, par exemple à l’aide de la série de portraits publiée par le SEL.

2. Donner

L’action en faveur des pauvres et avec eux commence bien souvent par des gestes concrets comme le fait de donner une pièce à quelqu’un qui la demande ou de partager son pain avec lui, ou encore de contribuer à une bourse aux vêtements ou à une collecte lors d’un concert humanitaire, etc. Il convient, à cet égard, de souligner l’importance du don, notamment financier, dans ce que Dieu attend de nous face à la pauvreté. Dans le Nouveau Testament, on peut se référer à l’enseignement de Jésus sur l’aumône (Mt 6.1-4). Il est frappant de se rendre compte à quel point même des personnes pauvres sont capables d’aider des personnes encore plus pauvres qu’elles.

3. S’impliquer dans la vie de quelqu’un

Le don auquel Dieu nous appelle comprend le don d’argent, mais aussi le don de temps et le don de soi. Dieu met sur le chemin de la plupart des chrétiens, à un moment ou à un autre, des personnes qui sont marginalisées ou en détresse d’une façon ou d’une autre (pas forcément ou uniquement dans la pauvreté d’ailleurs) et les appelle à s’impliquer personnellement en leur faveur. L’amour finit toujours par se vivre dans des relations personnelles. C’est le sens que le SEL donne à la correspondance avec un enfant dans le cadre du parrainage : il ne s’agit pas tant de recevoir quelque chose de sa part que de lui donner quelque chose en plus de la contribution financière !

Face à la pauvreté, il existe aussi de multiples possibilités d’engagements bénévoles pour ceux qui ont du temps à donner et / ou des talents à partager.

4. Trouver les moyens de mobiliser son entourage / être un porte-parole

Certaines personnes ont un don particulier pour entraîner les autres, les fédérer, les mobiliser. Elles n’ont pas forcément beaucoup de moyens financiers, mais elles savent parler à ceux qui en ont plus qu’elles !

De façon plus large, il est possible de sensibiliser les autres à un sujet qui nous tient à cœur en en parlant, en organisant un débat, en faisant signer une pétition, en écrivant à son maire ou à son député, etc.

5. Prier

Une action chrétienne face à la pauvreté commence par la prière et se fortifie dans la prière. Nous devrions apprendre à intégrer les questions de pauvreté dans nos prières tant personnelles que communautaires. Quand nous entendons parler d’une catastrophe humanitaire, pourquoi ne pas en faire un sujet de prière au cours du culte dominical ? Pourquoi ne pas avoir des temps réguliers pour prier pour ceux qui souffrent de la pauvreté, de la faim, de l’injustice ? Cela ne nous coûte rien, mais face à la pauvreté, est-ce que ce n’est pas le genre de choses que Dieu attend de chacun de nous ?

6. Mener une action sociale structurée

Certaines personnes ont la vocation de faire de l’engagement envers les pauvres l’une de leurs occupations principales. Pour ceux qui sont dans ce cas, il peut être utile de souligner qu’autant que possible le type d’actions à privilégier consiste à apporter une aide qui libère.

Une aide : ceux qui vivent dans des situations de pauvreté ou qui sont victimes d’injustice ont besoin d’être assistés dans ce qu’ils traversent.

Qui libère : l’idéal n’est pas de rendre les personnes aidées dépendantes de l’aide reçue, mais au contraire de les fortifier et de reconnaître leurs potentialités.

Dans la Bible, les lois sur le grappillage et le glanage (cf. Lévitique 19.9-10) représentent un modèle : il s’agit d’une aide, faisant appel à la générosité de chacun (bien qu’il y ait aussi un côté d’obligation légale à l’affaire). Chacun doit laisser une part du fruit de son champ ou de sa vigne pour le pauvre. Mais c’est une aide qui implique son bénéficiaire. Le grappillage ou le glanage exigent un véritable travail de la part de celui qui en bénéficie. Le livre de Ruth est là pour l’illustrer.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article « Aide au développement et assistance : est-ce la même chose ? »

7. Étudier

Face à la pauvreté, l’une des choses que nous pouvons faire et à laquelle nous ne pensons peut-être pas spontanément, c’est d’étudier. Étudier ce que la Bible dit sur la pauvreté, nous intéresser aux différentes formes que la pauvreté prend dans le monde actuel et à ses causes : nous nous rendrons compte que le sujet est important et qu’une vision chrétienne du monde a quelque chose à apporter à la réflexion. Dans notre manière de nous positionner face à la pauvreté, ne méprisons pas la valeur du travail intellectuel, même s’il semble porter peu de fruits dans l’immédiat et que tout le monde n’est pas appelé à en faire sa priorité. Ce type de travail aide à se repérer dans le monde, à contribuer aux échanges d’idées, à avoir une parole chrétienne pertinente sur des sujets de société, etc.

8. S’engager politiquement

Aider les pauvres fait partie de l’amour du prochain, mais s’il y a aussi un moyen de s’attaquer, même partiellement, aux causes de la pauvreté, cette action relève certainement aussi de l’amour du prochain : c’est là que l’implication politique trouve sa place. Certains chrétiens ont la vocation de s’impliquer de cette façon face à la pauvreté. On peut se rappeler de l’engagement de William Wilberforce pour l’abolition de l’esclavage.

Ces dernières années ont vu un développement du « plaidoyer » qui consiste à parler pour ceux qui ne sont pas en mesure de faire entendre leur voix, en particulier auprès des décideurs politiques. Ce plaidoyer a concerné de vastes thématiques (comme la dette des pays pauvres ou les Objectifs de développement durable), mais également des questions plus spécifiques (comme l’accès de toutes les personnes séropositives aux traitements antirétroviraux).

Lorsque ces actions sont entreprises avec sagesse, elles s’inscrivent dans la ligne des textes prophétiques de la Bible qui rappellent aux dirigeants leurs responsabilités à l’égard des pauvres (Ps 82 ; Pr 31.8-9).

Conclusion

Le tour d’horizon que nous venons de faire s’il n’est peut-être pas exhaustif donne un échantillon représentatif des grandes possibilités d’actions. Face à la pauvreté, il y a beaucoup de manières de bien faire (et sûrement quelques-unes de mal faire aussi !). La question qui se pose maintenant est : quelle sera la vôtre ?


Le SEL est une association protestante de solidarité internationale. Pour en savoir plus sur les actions du SEL et comment vous engagez à ses côtés : rendez-vous sur le site internet. 

En savoir plus sur l'auteur
Daniel Hillion
Directeur des études au SEL