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Avoir accès à l’eau, c’est recevoir un immense trésor !

Yaovi est coordinateur de l’ADSPE , un des partenaires du SEL au Togo. Dans cette interview, découvrez comment ces chrétiens bénévoles aiment concrètement leurs prochains, parmi les plus pauvres !

SEL : Quelle est la situation des communautés au Togo, au niveau de l’accès à l’eau ?

Yaovi : Quand il n’y a pas d’eau, de forage, dans un village, les femmes et les jeunes filles sont donc obligées de parcourir des distances à longueur de journée pour aller en chercher. Et souvent quand elles en trouvent, elle est insalubre. Un forage, ça peut aller à 2 millions, 3 millions, voire 6 millions de francs CFA[1] ! Les populations sont souvent des paysans, ils n’ont pas les moyens de faire face à ces coûts.

Au niveau de l’hygiène, il y a certaines pratiques dont les populations ignorent les conséquences : quelqu’un qui ne lave pas les mains, qui ne couvre pas la nourriture (et les insectes viennent), qui fait ses besoins dans la nature…

Et les conséquences sur la vie des individus sont…

Quand il y a la « crise de l’eau » dans un village, il y a une forte prévalence des maladies liées à l’eau et à l’assainissement : les maladies diarrhéiques. Pourquoi ? L’eau que ces paysans consomment est souvent insalubre.

Et quand on est malade, on n’a pas la force de bien travailler au champ ; ça se répercute sur le revenu. Et si on est malade, le peu de revenu est dépensé pour des soins.

Cela a aussi des conséquences sur la scolarisation de ces populations. Nous avons constaté qu’1 fille sur 3 seulement arrive à passer son certificat d’étude de primaire. Pourquoi ? Parce qu’elle aide sa maman à aller chercher de l’eau tout au long de la journée, ce qui engendre des retards au niveau de l’école et, parfois, l’abandon des cours.

Que fait l’ASDPE[2] ?

La mortalité infantile liée au manque d’eau potable nous incite à mettre l’accent sur les projets Eau et Assainissement.

Notre but est d’aider les populations à améliorer leur bien-être par leurs propres efforts, dans un esprit d’auto-promotion et d’auto-responsabilité. L’ADSPE aide et accompagne ces populations et les sensibilise pour qu’elles prennent conscience de la nécessité de l’hygiène et de l’assainissement afin d’amoindrir les maladies qui y sont liées.

Vous mettez l’accent sur la sensibilisation : pourquoi ?

C’est pour une pérennité du projet. Si la population n’est pas sensibilisée sur l’hygiène et l’assainissement, c’est comme si on n’avait rien fait !

Quelle est la part des communautés dans le projet ?

Les populations sont les actrices de leur propre développement !

Quand elles proposent un projet, sont motivées, organisées et qu’elles participent, nous, on ne fait que les accompagner. Une fois le projet réalisé, la communauté s’organise pour faire le suivi du projet : mise en place et formation de comités de gestion, sensibilisation, transmission des savoir-faire.

La pandémie de la COVID-19 a frappé le monde entier cette année : cela a-t-il eu des conséquences sur le comportement des bénéficiaires ?

La pandémie a éveillé la conscience de plusieurs populations. Avant, on leur disait : « Lavez les mains, lavez les mains. Il faut régulièrement laver les mains avec du savon et de l’eau potable » mais maintenant les gens réalisent « Ah tiens, ce que les ONG disent c’est crucial ! ». C’est maintenant que les gens prennent conscience qu’il y a d’autres maladies, pas seulement pour coronavirus.

Pour nos projets d’installation de latrines, par exemple, avant nous leur disions « Quand vous sortez [des toilettes] vous vous lavez les mains ». Maintenant, avec la pandémie, on leur dit : « Vous vous lavez les mains avant de rentrer et quand vous sortez ! » Alors les populations demandent : « Pourquoi se laver les mains avant? » Là, nous leur expliquons que quelqu’un peut avoir les mains infectées avant d’entrer et qu’il ne doit éviter de toucher les portes etc.

Quels sont les bénéfices de votre travail ?

Les maladies baissent, les populations ont plus de force pour travailler dans leur champ, les femmes développent des activités génératrices de revenus, l’argent n’est plus dépensé pour acheter des médicaments… La vie devient agréable, l’environnement est assaini.

Quand on nous dit : « L’eau potable qui était un bien, un trésor pour les gens riches, est aujourd’hui chez nous. Nous aussi nous avons l’or qu’est l’eau. Merci pour ce que vous faites », tout cela encourage, vous donne de la joie : ce que vous avez fait a porté un fruit !

L’équipe de l’ASDPE est 100 % bénévole. Pourquoi prendre de votre temps personnel pour mener ces projets ?

Nous-mêmes nous sommes issus d’un village et nous connaissons les difficultés de ces populations.

J’ai toujours en mémoire un exemple que j’ai vu un jour dans un village où il n’y avait pas d’eau. La femme avait parcouru des distances pour aller chercher un bidon qui allait servir à laver ses 2 enfants. Pour le premier enfant, elle a pris une bassine, posé l’enfant dedans, l’a lavé l’enfant, puis a recueilli l’eau. Cette eau a été transvasée dans un seau et elle a servi à laver l’autre enfant. Et c’est la même eau que la maman a utilisé encore pour d’autres usages. Quand vous voyez de ces choses vous vous dites : « Tiens il faut faire quelque chose ! »

De plus, nous voulons extérioriser notre amour aux pauvres à travers les projets que nous réalisons. Dans Matthieu 25, il est écrit que c’est à ce qu’ils feront aux pauvres que Christ reconnaîtra ses élus. « Celui qui a planté un arbre avant de mourir n’a pas vécu inutilement. »[3]

Justement ! Le fait que vous soyez chrétiens change-t-il quelque chose ?

La pauvreté n’est pas seulement matérielle, elle est aussi spirituelle. Donc en plus des réalisations qu’on fait, de l’appui à ces projets, il faut faire comprendre à ces populations, l’amour du Christ pour elles. Car quand on est en Christ, on est heureux, on est libre. On est libre !

Comme Yaovi et l’ADSPE, les partenaires Eau et Assainissement du SEL se mobilisent dans différentes régions d’Afrique subsaharienne. Ces chrétiens permettent aux communautés les plus démunies d’avoir accès à de l’eau propre et à l’hygiène.

Pour soutenir les projets Eau et Assainissement, rendez-vous sur notre site internet.

 

Soutenir les projets Eau et Assainissement

 


[1] En euros, cela revient environ à 3000 €, 4500 €, voire 9000 €. ↩

[2] Action pour le Développement Social et la Protection de l’Environnement. ↩

[3] Proverbe africain. ↩

 

En savoir plus sur l'auteur
Lorah Rakotoniaina