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Idée reçue n°36 – « Le sida est la cause de mortalité la plus importante dans les pays pauvres. »

Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !

Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.

Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) s’attache régulièrement à classer les causes de mortalité les plus importantes de par le monde. Quel est l’intérêt de comptabiliser les décès ?

Nicolas (SEL) : La comptabilisation annuelle des décès et la détermination des causes qui sont derrières ces décès sont essentielles pour évaluer l’efficacité du système de santé d’un pays. Ça permet ensuite aux autorités sanitaires de déterminer si les mesures de santé publique qu’elles prennent sont appropriées. Ainsi, si un pays constate que de nombreux enfants décèdent du paludisme mais que seule une faible proportion de son budget y est consacrée, alors il devra peut-être procéder à des ajustements. A noter cependant que dans le cas des pays en développement, il est parfois difficile de disposer de statistiques exactes. Des progrès doivent alors être entrepris à ce niveau.

Au-delà des questions de récupération de données, quelles différences constate-t-on au niveau des causes de mortalité entre pays riches et pauvres ?

Dans les pays à faible revenu, les personnes meurent beaucoup plus prématurément. Ce sont les maladies infectieuses qui y provoquent le plus de décès : infections des voies respiratoires inférieures, VIH/sida, maladies diarrhéiques, paludisme et tuberculose sont responsables à eux tous de près du tiers des décès dans ces pays. A titre de comparaison, dans les pays riches, 7 décès sur 10 touchent des personnes âgées de 70 ans ou plus. Dans les pays pauvres, seules 2 personnes sur 10 vont au-delà des 70 ans.

Parmi les causes de mortalité les plus importantes dans les pays pauvres, on pense immédiatement au sida ou au paludisme. C’est correct ?

Pas tout à fait. Il s’agit là effectivement de deux causes importantes de décès dans les pays pauvres mais ce ne sont pas nécessairement les plus importantes. On ne parle pas assez souvent des feux d’intérieurs notamment mais il s’agit pourtant d’un gros problème en Afrique puisqu’ils tuent plus que le sida et le paludisme réunis. Quelques chiffres : selon les dernières estimations, on dénombre environ 1,5 million de décès dus à des maladies liées au sida et 438 000 décès liés au paludisme. Quand on évoque les feux d’intérieur, on parle là de 4,3 millions de personnes qui meurent prématurément chaque année.

Vous parlez de feux d’intérieur. De quoi s’agit-il exactement ?

Environ 3 milliards de personnes sur la planète font la cuisine et chauffent leur logement à l’aide de foyers ouverts ou de simples poêles dans lesquels ils brûlent du charbon, du bois ou d’autres choses encore. Ces combustibles contribuent alors à polluer grandement l’air des habitations qui ne sont généralement pas assez ventilées. Cela cause de véritables soucis de santé aux personnes qui y sont exposées et peut constituer différentes causes de décès.

Le problème des feux d’intérieur dépasse l’enjeu strictement sanitaire ?

Oui. Le problème est plus large. Cette pratique est dangereuse pour la santé comme on vient de le voir mais elle se trouve aussi être peu efficace et pas écologique. Peu efficace parce que ça ne chauffe pas très bien. Et pas écologique parce que ça dégage des gaz à effet de serre et contribue à déboiser les forêts. Il faut donc se mobiliser et contribuer à l’utilisation de nouveaux fourneaux.

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