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Idée reçue n°1 – « Avec le réchauffement climatique, il faut consommer local plutôt que des produits importés »

Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !

Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.

Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : Contre le réchauffement climatique, la meilleure solution semble être de consommer des produits locaux et de saison. Face à cette affirmation, le commerce équitable, aussi généreux soit-il, semble perdre tous ses atouts en faisant venir des produits de l’autre bout de la planète…

Nicolas (SEL) : Le commerce équitable consiste effectivement à importer des produits des pays en développement à un prix plus juste. On pourrait alors penser – comme vous le faites remarquer – que le commerce équitable est une fausse bonne idée, écologiquement parlant. Seulement, pour ne s’en tenir qu’à l’alimentaire, force est de constater que l’on ne peut pas tout produire localement.

Il y a un certain nombre d’aliments que l’on consomme tous les jours et qui ne poussent pas sous nos latitudes tempérées.

Oui. On peut effectivement citer le café, le thé ou le chocolat pour ne prendre que les produits les plus emblématiques du commerce équitable. Ainsi, à moins de supprimer radicalement toute consommation de ces produits, ce que je doute fort que nous soyons prêts à faire, nous continuerons à les importer de loin. Et dans ce cas, autant que ces différents produits soient issus du commerce équitable !

Vu sous cet angle, c’est vrai qu’il ne faudrait pas non plus tomber dans de la démagogie. D’ailleurs, les produits du commerce équitable se veulent assez écologiques, non ?

Attention à la confusion des termes. Un produit équitable ne signifie pas pour autant qu’il est bio. Néanmoins, il faut quand même préciser qu’en règle générale les productions équitables sont plutôt respectueuses de l’environnement. Dans ce sens, on peut alors dire que les produits équitables sont presque toujours écologiques.

Mais alors, comment peut-on y voir clair dans tout cela, entre équitable, écologique… Est-ce que l’on peut se fier à différents labels ?

Ils existent différents labels de commerce équitable comme Fairtrade ou Max Havelaar qui tiennent compte de cette dimension et s’engagent, au travers de critères environnementaux, à prendre soin des ressources naturelles ou à éviter le recours à des pesticides par exemple. D’autres labels vont plus loin et concernent, quant à eux, des produits issus à la fois du commerce équitable et de l’agriculture biologique. On peut penser à Ecocert Equitable par exemple.

Malgré tout, exception faite du café, thé ou des autres produits de ce type, si une denrée peut être produite localement, pour l’environnement c’est quand même mieux n’est-ce pas ?

Là encore, il faut se méfier des apparences et rester un peu plus prudent. Il peut arriver que parfois le bilan carbone ne soit pas toujours en faveur d’une production locale. Le bilan carbone d’un produit consiste à calculer le total des émissions de gaz à effet de serre que sa production occasionne. On pourrait légitimement penser que moins un produit voyage, meilleur sera son bilan carbone. Or cela ne semble pas toujours systématique. Elle vaut ce qu’elle vaut mais une étude menée par une association suisse, Climatop, a pu montrer que la nuisance climatique d’un sucre paraguayen pouvait être de près de 33 % inférieure à celle d’un sucre suisse ou allemand.

Comment s’explique un résultat aussi surprenant ?

Plusieurs raisons peuvent être avancées. Premièrement, le sucre paraguayen de l’étude en question était bio. Deuxièmement, la production de la canne à sucre requiert bien moins d’énergie que celle de la betterave sucrière. Troisièmement, le transport par bateaux se trouve être très peu polluant.

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