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Une méditation de Dominique Angers sur Galates 6.10 [Partie 2]

A l'occasion de la Journée du SEL 2020 et de la campagne "Faire le bien", Dominique Angers nous propose une réflexion sur un verset de l'épître aux Galates.

Dans un premier article, Dominique Angers a proposé une méditation sur le court texte de Galates 6.10 : « Faisons du bien à tout le monde ». Il expose, dans cette deuxième partie, quatre principes d’application[1], en particulier vis-à-vis des personnes démunies.

1. Vers qui l’Esprit vous dirige-t-il à faire le bien ?

Faire du bien « à tout le monde », n’est-ce pas une mission impossible ? En effet, si nous visons littéralement toutes les personnes que nous croisons, nous risquons de nous décourager. Faire du bien « à tous les pauvres », ce n’est guère beaucoup plus simple, car ils sont nombreux.  Nous dépendons donc de la direction de l’Esprit.

Pour la discerner, posons-nous des questions précises :

  • Quels sont les individus démunis que le Seigneur a placés autour de moi ?
  • Parmi ces individus, est-ce que Dieu me « met à cœur » l’une ou l’autre personne de façon particulière, voire une famille spécifique ? Prions pour une vision claire. Dieu semble-t-il me confier la responsabilité d’intervenir dans une vie ? Voilà le genre de prière que le Seigneur aime exaucer.
  • Comment puis-je soutenir concrètement cette personne ou cette famille pour un temps (quelques semaines/mois) – sans que cela ne devienne forcément un engagement à vie ?

L’idée est la suivante : bien que nous soyons incapables de répondre à tous les besoins, il plaira au Seigneur d’orienter notre cœur vers une personne ou une famille précise envers laquelle nous pourrons exprimer notre générosité. Pour éviter de nous charger d’un pesant fardeau, réfléchissons en termes de « saisons de la vie », les nôtres et celles des personnes à aimer.

Parmi les témoignages qui me sont parvenus en ce sens, une famille chrétienne a choisi, pour un temps :

  • de donner régulièrement un montant d’argent à une maman en situation précaire, rencontrée au marché tous les samedis (un Hasard avec un grand D !)
  • d’intégrer dans ses activités familiales (anniversaires, sorties) l’un des enfants d’une famille pauvre, qui fréquentait la même école que les enfants de la famille chrétienne
  • d’aider une famille démunie à trouver un appartement et à déménager
  • d’accompagner un homme qui souhaitait intégrer le marché du travail lors de son premier entretien d’embauche.

D’autres ont eu la bonne idée de payer un séjour dans un camp chrétien à un jeune issu d’une structure familiale dysfonctionnelle, qui n’aurait jamais eu les moyens de vivre cette expérience riche.

Au lieu de culpabiliser en pensant à toutes les personnes que nous n’aidons pas, laissons l’Esprit nous conduire vers un individu à aider pendant quelque temps ou dans le cadre d’une expérience de vie ponctuelle.

2. Se choisir un projet d’Église

Le premier principe – se laisser guider par l’Esprit vers une action ciblée – s’applique tout aussi bien à l’Église locale. L’assemblée n’est pas en mesure de « tout faire », mais elle peut faire « quelque chose ». De plus, un projet d’Église aura l’avantage de mobiliser plusieurs membres, qui s’impliqueront de maintes manières. Les dons des uns et des autres pourront alors se manifester. Parfois, l’équipe de bénévoles comptera même des personnes ne faisant pas partie de l’Église, ce qui créera des liens riches pour l’Évangile.

Par exemple, le CEP (Centre évangélique protestant) d’Orange héberge l’association 1901 « La Soupe de l’Amitié », dont le but est de « servir un repas complet aux personnes souffrant de pauvreté ou de solitude. Cela fonctionne six jours sur sept, de novembre à avril, grâce aux invendus/invendables du Carrefour situé à proximité. Ce projet mobilise près de 80 bénévoles qui, tour à tour, préparent un repas le matin et font le service à midi. Parmi ces bénévoles, une dizaine du CEP » (merci au pasteur Mellon pour ce témoignage stimulant).

3. Équiper, c’est faire encore plus de bien !

Gardons à l’esprit que la plupart des personnes en situation précaire n’ont aucune envie de rester dans cette position mais souhaitent plutôt accéder aux aides qui leur permettront d’en sortir sur le long terme. Dit autrement, elles veulent disposer d’outils qui feront d’elles des acteurs réels de leur propre changement de situation. Elles aspirent à l’autonomie.

Notre rôle est donc d’équiper et de former, pas seulement d’accorder une aide à court terme. La fameuse image reste indémodable : mieux vaut apprendre à quelqu’un à pêcher que de lui donner une dizaine de poissons.

Quelques exemples :

  • De nombreux nouveaux arrivants en France souhaitent s’intégrer en progressant dans leur maîtrise de la langue ainsi que dans leur compréhension de la culture locale et de la société ambiante. Ils ont souvent besoin d’un coup de pouce pour saisir les nuances des méandres administratifs. Les chrétiens et l’Église ont une place à prendre dans ce domaine, car l’État ne s’occupe pas de tout.
  • Le soutien scolaire bénévole est un excellent moyen de préparer des enfants et des jeunes à un avenir meilleur sur le plan socioéconomique (soit dans les locaux de l’Église, soit à l’école en vertu d’une entente avec l’établissement scolaire).
  • Certains chrétiens sont doués et expérimentés sur le plan administratif. Pourquoi ne pas assister bénévolement des personnes démunies dans leurs démarches administratives en tout genre ?
  • En France, beaucoup de personnes se retrouvent en situation défavorisée en raison d’un cumul de crédits qu’elles ne parviennent plus à rembourser. Des chrétiens qui maîtrisent la notion d’un budget équilibré peuvent donc aider des individus à sortir de l’endettement, notamment en s’impliquant dans des associations existantes qui travaillent dans ce domaine ou en créant de nouvelles initiatives.

Au passage, je rappelle que les courbes démographiques de nos pays occidentaux sont claires : nous assistons au vieillissement très net de la population. L’augmentation rapide du nombre de personnes âgées suggère que beaucoup d’entre elles feront face à la précarité, à divers degrés. Ne les oublions pas. D’un autre côté, ce changement démographique implique également que les retraités chrétiens seront de plus en plus nombreux dans nos Églises. Or ces frères et sœurs possèdent des ressources extraordinaires à partager, notamment leur expérience de vie et leur temps. De plus, elles prennent plaisir à transmettre leur savoir-faire à des plus jeunes.

Proposons-leur des occasions concrètes de former les plus pauvres dans différents domaines – y compris ceux qui n’ont aucun lien avec l’Église.

4. Nous ne sommes pas seuls : privilégions les partenariats

Une manière concrète et simple de faire du bien aux personnes en détresse est de soutenir des organismes chrétiens comme le SEL. Ce que j’apprécie du SEL, c’est qu’il appuie financièrement des structures chrétiennes locales dans différents pays.

Or il existe plusieurs façons de donner dans le cadre du SEL, comme par exemple :

À notre époque, le temps semble nous filer entre les doigts. Or, parmi toutes les pistes concrètes évoquées dans cette prédication, celle-ci est sans doute celle qui exigera le plus petit investissement de temps. Pourtant, elle vous permettra d’accomplir un bien réel. Notre famille parraine un garçon au Rwanda depuis maintenant six ans. Quelle joie de recevoir régulièrement de ses nouvelles et de le voir grandir et profiter des soins et de l’éducation assurés par des chrétiens dans son village ! Sans le SEL, nous n’aurions jamais pu jouer quelque rôle dans la vie de ce garçon.

Votre situation actuelle ne vous permet pas de donner financièrement ? Aucun problème. Prier sincèrement pour les pauvres, c’est les « connecter » à l’aide divine ! Le SEL publie une lettre de prière tous les 15 jours qui présente des sujets d’intercession en faveur d’enfants vivant dans la pauvreté. Quand nous prions pour ces sujets, Dieu répond. La prière nous permet donc de participer réellement à la pratique du bien envers les plus démunis – qui est un véritable travail d’équipe où chacun joue un rôle différent mais indispensable.

Dieu mettra sûrement à cœur à certains lecteurs de s’investir encore davantage auprès du SEL ou d’une autre ONG œuvrant parmi les défavorisés à l’étranger. Il peut s’agir d’un projet à court terme (une mission de découverte pendant quelques semaines de vacances) ou d’une vocation à temps plein. Que l’Esprit nous guide !

Conclusion

Sans nous comparer les uns aux autres (Dieu n’attend pas le même engagement de chacun), faisons tous du bien aux plus démunis. L’Esprit nous pousse dans cette direction, nous rappelant que Dieu nous a fait du bien – le bien suprême – en Christ !

Pour aller plus loin

 

  • [1] Je suis reconnaissant à Wendy Bastin (missionnaire de la SIM), Nicolas VanWingerden (pasteur à Grenoble) et Frédéric Mellon (pasteur à Orange) pour les réflexions stimulantes dont ils m’ont fait part à propos de ces principes.