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Idée reçue n°26 – « La mondialisation aggrave la pauvreté dans le monde. »

Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !

Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.

Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : La mondialisation. C’est un mot qui est entré dans le langage courant et qui fait partie de nos vies. Mais finalement, à quoi fait-on référence exactement quand on parle de mondialisation ?

Nicolas (SEL) : Pour s’en tenir à une définition qui ne soit pas trop compliquée, on peut dire que le terme de mondialisation désigne le processus d’intégration croissante des différentes économies dans le monde. Elle résulte d’un certain nombre de facteurs, au premier rang desquels le développement des moyens de transport mais aussi les progrès réalisés dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. On distingue généralement plusieurs vagues de mondialisation. Celle qui nous intéresse le plus en général, c’est celle qui a commencé à partir des années 1980 parce que c’est celle qui nous concerne actuellement et parce qu’elle marque une accélération considérable des échanges mondiaux.

Un phénomène qui fait assez souvent l’objet de critiques…

Oui. C’est vrai. En particulier sur un point. Certaines personnes mettent en avant que la mondialisation peut faire croître la pauvreté. Elles expliquent qu’en ouvrant leurs économies, les pays les moins compétitifs risquent de souffrir de la concurrence mondiale. C’est particulièrement vrai pour les pays les moins avancés. Et elles mettent aussi en avant que les grandes entreprises peuvent être incitées à limiter les salaires et à précariser l’emploi car elles ont toujours la possibilité de délocaliser la production.

Est-ce que c’est ce que l’on observe ces dernières années ?

Ces critiques qui sont faites ne sont pas sans fondement. Pour autant, on constate que si la mondialisation s’est accélérée, la pauvreté a quant à elle reculé ces dernières décennies. Le nombre de personnes dans le monde vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,90 dollar par jour et par personne) a diminué d’un peu plus d’un milliard en trente ans, passant de 2 milliards en 1981 à 700 millions environ en 2015. C’est une évolution d’autant plus positive que, dans le même temps, la population mondiale est passée de 4,5 à 7 milliards d’individus.

Cela signifie que la mondialisation n’aggrave pas la pauvreté mais a plutôt tendance à la diminuer ?

La question est compliquée et fait débat. Il faut rester prudent dans la réponse que l’on apporte. Plusieurs éléments amènent à temporiser. Déjà il faut rappeler que ce n’est pas parce que deux phénomènes sont contemporains qu’ils sont forcément unis par un lien de causalité. Ensuite, il faut aussi dire que la mondialisation n’est pas le seul facteur qui joue sur la pauvreté. Il y en a d’autres. Néanmoins, accuser la mondialisation d’aggraver la pauvreté est surement un peu trop rapide et réducteur. Elle peut aussi participer à l’enrichissement des économies. D’autres critiques plus légitimes pourraient lui être faites…

Lesquelles justement ?

Si la mondialisation n’aggrave pas forcément la pauvreté, il semblerait par contre qu’elle accentue les inégalités. Qu’il s’agisse des inégalités entre pays ou entre ménages, celles-ci se sont considérablement accrues ces dernières années et la mondialisation semble en être pour partie responsable. Cela ne s’oppose pas pour autant à ce que l’on a pu dire avant. L’apparition d’inégalités ne s’explique pas nécessairement par un enrichissement des plus riches et un appauvrissement des plus pauvres. C’est même rarement le cas. Elle est bien davantage due au fait que l’enrichissement des plus riches se fasse plus vite que celui des plus pauvres.

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