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Idée reçue n°41 – « Signer une pétition n’aidera pas quelqu’un qui a faim. »

Chaque semaine, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident... ne l'est peut-être pas !

Tout au long de l’année, le SEL décrypte une idée reçue sur le développement et la pauvreté. Ce que vous pensiez évident… ne l’est peut-être pas ! Chaque jeudi matin, retrouvez ici cette chronique radio réalisée en collaboration avec Radio Arc-en-Ciel.

Gwladys (Radio Arc-en-Ciel) : Aujourd’hui, on va parler d’un type de mobilisation auquel peuvent recourir les associations de solidarité internationale : le plaidoyer. De quoi s’agit-il exactement ?

Nicolas (SEL) : Le plaidoyer peut être compris comme la défense d’une opinion, d’une cause. La distinction avec le lobbying n’est pas toujours très claire. Les deux sont proches. Globalement, on peut admettre l’idée que le plaidoyer diffère du lobbying au sens où « il s’exerce dans l’intérêt d’un tiers et non pour des intérêts personnels ». Ainsi, le plaidoyer vise souvent à défendre des causes que l’on pourrait qualifier de nobles comme la protection de l’environnement par exemple ou à porter la voix de ceux qui ne peuvent se faire entendre, les plus défavorisés notamment.

Justement, dans le cas de personnes qui seraient dans le besoin, une critique est parfois adressée au plaidoyer et consiste à dire que « si quelqu’un a faim, il faudrait plutôt lui donner à manger » ?

C’est entièrement vrai. On pourrait même poursuivre la critique. « Si quelqu’un n’a pas de toit, il faut avant tout chercher à lui en procurer un ». L’aide humanitaire est nécessaire et il ne s’agit pas de le nier mais l’un n’empêche pas l’autre. Des actions peuvent être complémentaires. D’une certaine façon, en donnant à manger à quelqu’un, on cherche à réparer les conséquences d’un problème mais finalement on ne règle pas le problème de fond. Pour ça, il faut lutter contre les causes. Et parfois, ce peut être le rôle du plaidoyer.

Le plaidoyer peut donc être la solution à toutes les situations de pauvreté ?

Non. Il ne faut pas voir non plus dans le plaidoyer une solution miracle à toutes les situations de pauvreté. La pauvreté est multiple et plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. Le plaidoyer est tout particulièrement pertinent lorsque l’on cherche à s’attaquer aux raisons structurelles qui causent la pauvreté ou lorsque l’on cherche à encourager le respect des engagements internationaux. Dans le premier cas, ça concerne par exemple des mobilisations contre le pillage des ressources. Dans le second, il s’agira davantage de faire pression pour que des engagements comme les Objectifs de développement durable soient respectés.

Quelles peuvent être les actions de plaidoyer qui sont mises en place ?

Il en existe de différentes sortes. Il peut s’agir d’un plaidoyer d’experts agissant au niveau des cabinets mais aussi assez classiquement de manifestations ou de signatures de pétition. Il ne faut pas non plus les y restreindre. La créativité est plutôt valorisée quand on parle de plaidoyer. Assez souvent, l’objectif va consister à mobiliser le plus grand nombre pour pouvoir légitimer la cause que l’on défend et créer une pression populaire qui soit suffisante pour faire plier les interlocuteurs. Ceux-ci peuvent alors être de différentes sortes eux aussi, selon le type de plaidoyer que l’on fait : il peut s’agir de dirigeants politiques mais aussi de dirigeants d’entreprises ou d’autres encore…

Le plaidoyer peut donc être utile à la lutte contre la pauvreté ?

Non seulement un plaidoyer respectueux et bien mené a tout son sens dans la lutte contre la pauvreté mais il peut aussi porter du fruit. Nul doute que les résultats plutôt positifs des Objectifs du millénaire pour le développement sont à mettre pour partie sur le compte de la mobilisation d’organisations de la société civile comme le Défi Michée et bien d’autres. Néanmoins, il est vrai qu’il y a encore du chemin à parcourir…

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