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Parole de Jésus n°2 : « Lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres… »

Les évangiles rapportent 6 paroles de Jésus à propos des "pauvres". Dans cette série, différents auteurs proposent des pistes de réflexion sur ces passages.

Les évangiles rapportent 6 paroles de Jésus à propos des « pauvres ». Dans cette série, différents auteurs proposent des pistes de réflexion sur ces passages. Ce texte a été écrit par Daniel Hillion, responsable des relations avec les Églises au SEL.

Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, ne convie pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et que ce ne soit ta rétribution. Mais lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux, puisqu’ils n’ont pas de quoi te rétribuer ; car tu seras rétribué à la résurrection des justes. (Luc 14.12-14. Bible à la Colombe)

Jésus est invité chez l’un des chefs des Pharisiens (Luc 14.1) et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ambiance est tendue. Les Pharisiens observent Jésus (verset 1) et ils ne le regardent certainement pas avec bienveillance. Jésus, quant à lui, ne ménage ni son hôte, ni les autres invités : il accomplit une guérison le jour du sabbat (versets 2-6), fait des remarques sur la manière dont les personnes présentes cherchent à prendre les meilleures places (versets 7-11). Et maintenant il dit à celui qui l’avait invité qu’il devrait inviter des pauvres quand il fait la fête plutôt que ses parents et des voisins riches.

Comment comprendre cette parole de Jésus ? Est-il interdit d’inviter ceux qu’on aime chez soi ? Est-on obligé de ramener des pauvres à la maison ? Avouons que la parole de Jésus peut nous mettre un peu mal à l’aise.

Le donnant-donnant dans la vie de tous les jours

La vie en société est rarement gratuite. Le principe du donnant-donnant prévaut bien souvent. C’est de cela que Jésus parle lorsqu’il évoque le fait que celui qui invite quelqu’un chez lui se fait inviter à son tour. Dans son livre Pour une vie juste et généreuse (p.65-68), Tim Keller considère que c’était un véritable système à l’époque de Jésus : on invitait les gens chez soi pour promouvoir ses propres intérêts. Par exemple, on invite un voisin riche parce que l’on sait qu’il pourra nous aider dans nos affaires ou qu’il nous « renverra l’ascenseur » d’une façon ou d’une autre.

Est-ce que Jésus condamne absolument cette façon de faire ? Ce n’est pas sûr. Toutes les paroles de Jésus ne sont pas faites pour être lues de manière littérale (chacun le voit bien quand il est question de s’arracher un œil ou de se couper une main ou, un peu plus loin dans Luc 14 quand Jésus parle de « haïr » les siens verset 26). Mais en tout cas, il nous dit qu’il n’y a rien de particulièrement admirable ou extraordinaire à agir ainsi. Ce n’est pas de cette façon que l’on manifeste que l’on est animé d’un authentique amour de son prochain.

Investir dans des relations qui ne rapportent rien

Jésus dit en quelque sorte à son hôte : investis dans des relations qui ne rapportent rien sur le plan social. Ce qui compte vraiment dans la vie, c’est ce que tu donnes sans espérer que celui à qui tu donnes puisse te rapporter l’équivalent.

Les personnes en situation de pauvreté ont des choses à nous apporter mais elles ne peuvent pas rentrer dans ces relations de donnant-donnant dont nous avons parlé. C’est pourquoi le livre des Proverbes affirme : « Tous les frères du pauvre le haïssent ; combien plus ses amis s’éloignent-ils de lui ! Il recherche des entretiens, mais il n’y en a pas. » (19.7)

Jésus nous dit-il littéralement d’inviter des pauvres à nos fêtes ? Et pourquoi pas ? C’est certainement l’une des applications de ce texte ! Mais il faut peut-être le voir comme un exemple plutôt que comme une règle. Le principe est d’inclure les pauvres dans notre vie, de leur faire une place. Les inviter à participer aux bénédictions que nous avons reçues est une très bonne manière de le faire et c’est déjà ce que disait l’Ancien Testament (cf. Deutéronome 14.29).

Le fondement de la grâce

Immédiatement après notre texte, Jésus raconte la parabole des invités. Il y est justement question d’inviter des gens à un grand repas. Les premiers invités, qui correspondent certainement au moins en partie aux Pharisiens du début du texte, trouvent tous des excuses pour ne pas venir. Et qui est invité à leur place ? Les « pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux » (verset 21). Jésus utilise les 4 mêmes mots que ceux qui se trouvent dans notre texte. Qu’est-ce que cela signifie ?

Devant Dieu, nous devons tous nous reconnaître comme pauvres. Nous n’avons rien à lui apporter en échange de sa grâce. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il ne nous demande rien de tel. Il nous offre tout : « Venez, car tout est déjà prêt. » (verset 17)

Mais cela éclaire aussi l’appel de Jésus à inviter des pauvres à nos festins : avoir tout reçu de la grâce de Dieu change notre regard sur les autres. Ce qui compte pour nous maintenant ce n’est plus de nous assurer une bonne place dans la vie et dans la société (en misant sur des relations sociales qui rapportent), mais c’est de refléter la grâce de Dieu dans notre quotidien et de chercher à faire plaisir à Dieu. Le souci des pauvres s’inscrit dans cette réponse à la grâce de Dieu.

Quand nous agissons ainsi, Jésus nous promet même une récompense (« tu seras rétribué à la résurrection des justes »). Il ne s’agit pas d’un « salaire » pour nos actes, mais de la marque de l’approbation divine. Quoi de plus merveilleux, pour celui qui a tout reçu de la grâce de Dieu que d’entendre le Seigneur lui dire un jour : « Bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. » (Matthieu 25.21)

Pour aller plus loin :

Achetez le livre de Tim Keller Pour une vie juste et généreuse